L'orientation
de la Terre dans l'espace |
L'orientation
de la Terre dans l'espace est la rotation qu'il faut appliquer à
un système de référence céleste géocentrique,
soit GXYZ - matérialisé par les coordonnées des
étoiles ou des quasars ou des corps du système solaire
- pour obtenir un système de référence terrestre
Gxyz - matérialisé par les coordonnées des stations
d'observation.
La description traditionnelle de
l'orientation spatiale de la Terre consiste à spécifier
la matrice de rotation entre ces deux systèmes de référence.
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Si
la Terre tournait uniformément |
Si
la Terre tournait uniformément autour d'un axe fixe (par rapport
à la croûte terrestre et au système céleste),
les changements de l'orientation de la Terre pourraient être décrits
à l'aide d'un seul paramètre : l'angle de rotation évoluant
linéairement avec le temps, ou encore l'échelle de temps
uniforme qui en découlerait (le temps universel).
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Irrégularités
de la rotation de la Terre |
En
fait l'axe de rotation n'est fixe ni par rapport à la croûte
terrestre ni par rapport aux étoiles, et la vitesse de rotation
montre de légères variations. Les changements du vecteur
de rotation de la Terre sont causés par la force gravitationnelle
de la Lune, du Soleil, dans une moindre des planètes sur le bourrelet
équatorial de la Terre, ainsi que par les déplacements
de matière dans les différentes parties de notre planète.
Les oscillations observées peuvent être interprétées
comme l'effet de l'élasticité du manteau, de l'aplatissement
de la Terre, de la structure et des propriétés de la frontière
entre le noyau et le manteau, de la rhéologie du noyau, des eaux
souterraines, des fluctuations au sein des océans et de l'atmosphère.
La compréhension du couplage entre les différentes couches
de notre planète est un point clef de cette recherche.
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Déterminer
l'orientation de la Terre nécessite 5 paramètres |
En principe l'orientation de la Terre peut-être décrite
à l'aide de trois angles indépendants, par exemple les
angles d'Euler. Cependant la détermination traditionnelle de
la rotation de la Terre conduit à séparer les mouvements
de l'axe de rotation dans la Terre et dans l'espace. Pour des déterminations
routinières de l'orientation spatiale de la Terre, cinq Paramètres
d'Orientation de la Terre (POT) sont généralement
estimés. Ils donnent la rotation du
Repère
terrestre international (International Terrestrial Reference Frame ou
ITRF) au
Repère céleste international (International Celestial
Reference Frame, ICRF) comme une fonction du temps.
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Le
pôle céleste des éphémérides (CEP) |
Ces
paramètres sont rapportés au pôle céleste
des éphémérides (Celestial Ephemeris Pole
ou CEP), qui reste très proche de l'axe de rotation (à
20 millisecondes de degré près). Son mouvement dans l'espace
est la précession-nutation ; en fait il est équivalent
à celui de l'axe des pôles géographiques (pôle
ITRF) pourvu qu'on restreigne ce dernier à des périodes
supérieures à deux jours environ. La position dans l'espace
du CEP est bien modélisée, avec une précision de
0.001", par le moment de force luni-solaire (et dans une bien moindre
mesure planétaire) sur le bulbe équatorial de la Terre
et de petits effets atmosphériques et océaniques de l'ordre
de 0.001".
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Les
écarts au pôle céleste (dPsi,
dEps)
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Cependant
les modèles de precession-nutation (tel que celui qui est donné
dans les
Conventions de l'IERS) ne
prend pas en compte les perturbations variables provoquées par
l'atmosphère, les océans et des processus interne à
la Terre. Les imperfections des modèles sont révélées
par les observations VLBI et
parfois laser-lune. Les écarts
du pôle céleste des éphémérides par
rapport au pôle céleste défini par le modèle
conventionnel de la précession-nutation (modèle IAU 1980
jusqu'au 1er janvier 2003) sont déterminés sous la forme
de deux corrections angulaires, les écarts
au pôle céleste (dPsi, dEps).
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Le
temps universel (UT1) |
Le
CEP reste proche de l'axe instantané de rotation (écart
inférieur à 0.02"), et c'est pourquoi l'angle de rotation
est compté autour du CEP à partir d'une origine dans le
plan de l'équateur vrai (l'origine "non-tournante").
La rotation de la Terre n'est plus considérée comme uniforme,
mais demeure essentielle pour la vie de tous les jours, car l'alternance
des jours et des nuits rythme nos activités. Dans un passé
récent, le temps de référence était fondé
sur l'observation de la rotation diurne. L'IERS n'a pas voulu rompre
avec cette tradition, et c'est pourquoi plutôt que de fournir
l'angle de rotation de la Terre, l'IERS diffuse l'échelle de
temps associée,
le temps universel 1 UT1. C'est
le temps que mettrait la Terre à décrire son angle de
rotation s'elle tournait à la vitesse uniforme (360°/86164.09891s).
En fait, l'IERS diffuse les différences par rapport aux échelles
de temps uniforme TAI (Temps Atomique International) et UTC
(Temps Universel Coordonné) : UT1-TAI / UT1-UTC. L'excès
de la période de rotation par rapport à la période
moyenne est appelé excès de la longueur du jour (LOD).
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2
coordonnées
du pôle (x,-y) |
Après
avoir appliqué la matrice de precession-nutation au repère
céleste en tenant compte des écarts au pôle céleste
et la matrice de rotation autour du CEP,
il reste une rotation de l'ordre d'un dixième de seconde de degré
pour passer dans le repère terrestre international. Cette rotation
est décrite par deux angles
(x,y), qui correspondent exactement aux coordonées
du pôle (x,-y) du CEP. Les coordonnées
du pôle subissent des variations principalement à cause
des redistributions de masse atmosphérique et océanique
à des échelles de temps saisonnières. Dans le repère
céleste, les coordonnées du pôle correspondent principalement
à des mouvements circulaires quasi-diurnes de l'axe des pôles
géographiques Gz et
se produisant dans le sens direct.
N.B.: l'axe x du repère céleste se trouve dans la direction
du méridien de référence de l'IERS (le méridien
de Greenwhich) ; l'axe y est dans la direction 90 degrés Est.
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Mise
en oeuvre du pôle céleste intermédiaire |
En fait la définition
originelle du CEP, fondé sur un modèle conventionnel de
la précession-nutation, ne prend pas en considération
les variations diurnes et à plus grandes fréquences de
l'orientation de la Terre. Durant la 24ème assemblée générale
de l'Union Astronomique Internationale (UAI), qui s'est tenue à
Manchester en août 2000, le concept du pôle céleste
des éphémérides a été étendu
à ces oscillations, ce qui a conduit à définir
le pôle céleste intermédiaire ou PCI (Celestial
Intermediate Pole,CIP).
extrait
de la résolution B1. 7
"La 24ème assemblée générale de
l'Union Astronomique Internationale [...] recommande [...] que
1.
le Pôle céleste intermédiaire (CIP) soit le pôle
dont le mouvement dans le système de référence
céleste géocentrique (GCRS)[...] correspond à celui
de l'axe moyen de Tisserand de la Terre limité aux composantes
de périodes supérieures à 2 jours,
[...]
3.
que le mouvement du CIP dans le GCRS soit réalisé par
le modèle IAU 2000 A de la précession et de la nutation
forcée pour les périodes supérieures à deux
jours corrigée des corrections additionnelles dépendant
du temps fournies par le Service international de la rotation terrestre
(IERS) à partir des observations astro-géodésiques
appropriées,
4. que le mouvement du CIP dans le Système de référence
terrestre international soit fourni par l'IERS à partir d'observations
astro-géodésiques appropriées et des modèles
incluant des variations à haute fréquence,
[..]
6.
que la mise en oeuvre du CIP ait lieu le 1er janvier 2003"
La
mise en oeuvre du CIP ne modifiera pas la nature des EOP, mais apportera
seulement deux nouvelles contraintes:
-Les
écarts au pôle céleste seront rapportés au
nouveau modèle de la précession-nutation de l'IAU (au
lieu du modèle IAU 1980)
-Les écarts au pôle céleste ne contiendront pas
d'oscillations diurnes et de périodes inférieures (cela
est déjà réalisé dans la pratique)
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